Repenser les politiques culturelles pour la promotion des libertés fondamentales et la diversité des expressions culturelles au Sénégal

Le Sénégal se fait remarquer par sa scène culturelle et créative dynamique. Le pays est, pour les artistes et professionnels de la culture, un carrefour qui abrite de nombreuses rencontres majeures sur le plan régional et international dont, parmi des plus connues, la Biennale d’art contemporain DAKAR’T. Plusieurs cadres nationaux reconnaissent le rôle de la créativité pour le développement durable du Sénégal, dont le Plan Sénégal Emergent (PSE) et la Lettre de Politique Sectorielle et de Développement de la Culture et de la Communication (LPSDCC, 2017-2021). Le Sénégal mène aussi un travail innovant, porté autant par les acteurs publics que par la société civile, dans différents domaines. Il s’agit notamment du projet de Loi portant sur le statut de l’artiste ; de la création de la Sénégalaise du Droit d’Auteur s et des droits Voisins (SODAV) ; de la Mutuelle nationale de Santé des acteurs culturels (MNSAC) ; de la Stratégie Sénégal Numérique 2016-2025 ou encore de nombreuses initiatives de promotion des droits des femmes créatrices.
Partie à la Convention depuis 2006, le Sénégal a siégé plusieurs fois au Comité intergouvernemental (CIG) où il a retrouvé en juin 2019 les 23 autres pays. En conformité avec les principes de partage d’information et de transparence de la Convention, le Sénégal a soumis en 2016 son premier rapport périodique rédigé avec la coopération de l’UNESCO et de l’Agence suédoise de Coopération internationale. Ce partenariat est reconduit pour l’élaboration d’un deuxième rapport périodique, attendu en avril 2020, qui lui permettra d’évaluer les efforts consentis ces quatre dernières années, mais également de renforcer les mécanismes et espaces de concertation entre les acteurs publics et la société civile dans le suivi des politiques publiques.
Une réunion de consultation multipartite a été organisée le 12 novembre 2019 à Dakar (Sénégal). Environ 80 personnes, dont des représentants du Ministère de la culture et de la communication et de plusieurs autres ministères et organismes publics, des opérateurs culturels, des agents de la société civile, des représentants des agences de développement, et des journalistes, se sont réunis à cette occasion. Le ministre de la culture et de la communication du Sénégal a ouvert la consultation qui a permis de présenter les objectifs de la Convention de 2005 et le processus d’élaboration des rapports périodiques ainsi que les membres de l’équipe nationale. Le débat s’est notamment concentré sur les défis de la décentralisation et du rôle des collectivités territoriales, la reconnaissance limitée du rôle de la culture dans le développement durable, ou le potentiel de l’économie numérique et de l’intelligence artificielle.
Le Sénégal s’est engagé dans une démarche de collecte d’informations culturelles en régions. Une session de travail y a été consacrée avec les représentants des centres culturels régionaux qui participeront à la collecte de données pour l’élaboration du rapport périodique. Il est prévu que trois ateliers régionaux dans le sud-est, le centre et le nord du Sénégal soient organisés.
Un atelier national de renforcement des capacités de l’équipe nationale du Sénégal a été organisé du 13 au 15 novembre 2019 à Dakar (Sénégal) et facilité par Jordi Balta, membre de la Banque d’expertise de la Convention de 2005. L’atelier a porté sur l’identification des politiques et mesures qui pourraient être intégrées dans le rapport du Sénégal, ainsi que sur les questions méthodologiques concernant la collecte d’information. Il s’agissait de refléter les avancements intervenus depuis la présentation de son rapport précédent en 2016. Une large majorité des participants a souligné que l’atelier avait contribué à améliorer leurs connaissances sur le processus d’élaboration du rapport périodique et sur la Convention et son cadre de suivi. Dans les prochains mois, l’équipe nationale collectera les informations et les données pertinentes, consultera plus largement la société civile et rédigera de façon participative le rapport périodique du Sénégal.
Un atelier spécifique avec des opérateurs de la société civile visant à les associer à l’élaboration du rapport périodique a été organisé le 16 novembre. Environ 30 personnes ont participé à cet atelier qui a permis d’établir des canaux d’échange des informations entre les opérateurs de la société civile et l’équipe nationale. Plusieurs projets et initiatives saillants ont été présentés et les débats ont souligné certains défis rencontrés par la société civile, dont le besoin de renforcer la présence de la société civile dans les débats sur les politiques culturelles, la pérennisation des projets, ou encore la coordination des acteurs et partenaires techniques et financiers etc.
Le Bureau Régional de l’UNESCO de Dakar a lancé une campagne digitale intitulée « La Voix des Résilientes », qui a fait découvrir pendant deux semaines les portraits et parcours de 10 créatrices d’Afrique de l’Ouest aux profils divers, inspirants et uniques. Deux webinaires ont été organisés les 3 et 4 août 2020 pour lancer la campagne et donner une voix aux créatrices. Cette campagne vise à promouvoir et reconnaître la contribution de ces « role models » au dynamisme des secteurs culturels et créatifs qu’il s’agisse du cinéma, de la musique, du stylisme, de l’art numérique, etc. Avec l’arrivée de la COVID-19, l’idée de faire entendre la voix des femmes dans cette crise s’est renforcée en donnant un espace à ces créatrices du Mali et du Sénégal pour faire entendre leur vue et analyse de la situation, les difficultés auxquelles elles font face ou encore les solutions et différents chemins qu’elles envisagent.
Pour regarder les débats, cliquez ici.
Africa Culture Consulting a organisé cinq débats ResiliArt les 18 mai, 11 et 21 juin et les 9 et 26 juillet 2020. Les débats ont eu comme thèmes : l’application des droits et les contrats, le statut de l’artiste et les prestations des professionnels de la culture ; et les industries créatives face au numérique. Les principales recommandations qui émergent des débats concernent la digitalisation des banques de données existantes, la mise en place d’un fonds de relance pour les événements culturels annulés, la création d’un centre de formation dédié aux acteurs culturels, ou le besoin de développer une stratégie de communication digitale locale accompagnée d’un modèle économique.
La présentation publique du rapport périodique du Sénégal s’est tenue le 26 octobre 2020 à Dakar, au Sénégal, en présence de représentants de différents ministères, d’organisations de la société civile, de professionnels de la culture et d’artistes. L’approche régionale et inclusive adoptée par le Sénégal pour l’élaboration de son rapport périodique, impliquant les régions et les collectivités locales, a été saluée. Le riche rapport, qui compte plus de 100 pages, a été présenté et discuté entre les participants. La crise du COVID-19 a été au centre des débats, les conclusions du rapport contribuant à alimenter les discussions sur les priorités futures.
Le Sénégal Talents Campus, premier centre de formation technique et professionnelle dans les métiers des arts et de la culture, a été officiellement inauguré à Dakar en novembre 2021. En réponse aux besoins du marché émergeant des industries créatives et culturelles, le Campus comprend quatre filières de niveau BTS en administration culturelle, régie de production, son et lumière, régulées et validées par l’Etat Sénégalais. 375 jeunes ont intégré la première promotion.
Avec le soutien du projet UNESCO-Sida et l’appui de l’Institut International de Planification de l’Education (IIPE-UNESCO Dakar), l’UNESCO accompagne ce projet novateur en partenariat avec AFRICULTURBAN. Cet appui soutient la professionnalisation des femmes à la fois en tant qu’apprenantes mais également en tant qu’enseignantes. Cette double approche consiste d’abord, à assurer l’intégration des professionnelles du secteur culturel et créatif dans le corps professoral de ce projet inédit. Pour ce faire, l’UNESCO a appuyé une formation des formatrices sur des techniques d’apprentissage et une pédagogie suivant une approche basée sur les compétences du 29 mars au 15 avril 2021. D’autre part, 25 femmes ont démarré leur formation en administration culturelle dans le cadre du BTS 100 % féminin (2021-2022) comprenant près de 2 000 heures de formations.
Dans ce secteur où les femmes sont sous-représentées, la démarche consiste à opérer une discrimination positive à travers une nouvelle approche basée sur le genre dans le renforcement des capacités des professionnelles afin de reconnaitre le rôle et les compétences des femmes issues de ce secteur et d’optimiser l’égalité des chances notamment face à la formation et l’emploi.
Un lancement régional du Rapport mondial, « ReIpenser les politiques en faveur de la créativité », a été organisé le 22 mai 2022 dans le cadre de la Biennale d'art contemporain de Dakar, avec la participation de 150 professionnels de la culture africains. L'événement a réuni la vice-directrice de l'OMPI, le commissaire de la CEDEAO, le président du Fonds africain pour la culture et le représentant du Ministre de la Culture du Sénégal. La présentation du rapport a été suivie par un panel de discussion sur l'impact de la Covid-19 sur les industries créatives et culturelles en Afrique, avec notamment M. Hamadou Mandé, expert burkinabé sur les industries culturelles, Mme Reema Selhi, responsable du pôle international DACS, M. Pierre Taugourdeau, directeur délégué du Conseil des ventes de France, Mme Thérèse Turpin Diatta, galeriste et membre du comité de pilotage de la Biennale. En marge de l'événement, des actions de communication et de visibilité ont été menées pour diffuser le rapport et les informations sur cette rencontre, notamment avec une série de publications sur les médias sociaux. Cet événement a également été suivi d'une série de rencontres professionnelles les jours suivants, notamment des panels sur le financement de la culture, le marché de l'art et les droits d'auteur.